Méthodes agricoles anciennes




 


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Les Chinampas Le Waru waru
ou Suka kollu




Les Chinampas du Mexique


Sources principales:
- "Traditional Raised-bed Agriculture Systems in Latin America", Blythe Burkhardt, Indigenous Knowledge and Education-CIKARD



Les chinampas sont des îles lacustres artificielles, généralement rectangulaires, faites de tapis de roseaux sur lesquels sont déposées plusieurs couches de terres et matières organiques tirées du lac. La surface est à un mètre du niveau de l'eau. La première couche est constituée de vase, ensuite on étend des herbes aquatiques et du fumier.
Les semis sont préparés sur une couche de végétaux additionnée d'une couche de boue. La boue est découpée en blocs rectangulaires, appelés chapines, dans lesquels on sème une graine. Les chapines sont alors transplantés sur la chinampa.
La chinampa permet des récoltes continuelles, variées et saines en raison du contrôle de l'eau, la variété des semis, l'apport périodique de matières organiques, de potassium et autres minéraux, et la transplantation de semis sains.

A Mexico, les chinampas seraient utilisées depuis 2000 ans au moins. Quand Hernan Cortes détruisit Mexico, en 1519, il laissa les chinampas. On estime que celles-ci nourrissaient 100 000 personnes.
Aujourd'hui, des chinampas peuvent encore être trouvées au lac Xochimilco où fèves, maïs, tomates, poivrons, choux, oignons et fleurs sont cultivés. La pollution croissante de la ville de Mexico et la Révolution Verte ont réduit cette culture originale à une attraction touristique.
En 1976, l'Instituto Nacional de Investigaciones sobre los Recursos Bioticos (INIREB) lança un projet de construction de chinampas près de Tabasco dans le village des indiens Chontal de Tueta, mais ce n'est que dans les années 1980, que ce projet connut la réussite.



Pour en savoir plus:

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Le waru waru ou suka kollu


Sources principales:
- "Suka kollu: Une technologie du passé, un espoir pour le présent", Maryvonne et Bruno Robineau, Nature et Progrès (F) numéro 138/139, mai 1994.
- "Traditional Raised-bed Agriculture Systems in Latin America", Blythe Burkhardt, Indigenous Knowledge and Education-CIKARD



Cette méthode a été redécouverte par des photographies aériennes et des fouilles archéologiques. Elle fut pratiquée de 1 000 ACN jusqu'au 1er siècle sur l'altiplano autour du Lac Titicaca au Pérou et en Bolivie.
Sur l'Altiplano, les sols sont pauvres, les pluies irrégulières et les cultures sont soumises à la menace constante du gel, de la sécheresse et des crues du Lac Titicaca. Le waru waru (mot quechua) permet de faire face à ces problèmes.
Il est fait de champs surélevés, à 80 cm du sol, dont la base est faite de pierres couvertes d'une couche d'argile, puis vient une couche de gros graviers puis une couche de fin gravier et, enfin, la couche de terre. Les champs sont séparés de canaux d'irrigation parallèles profonds de 50 cm. Ces fossés permettent, à la fois, d'alimenter les champs en eau lors des sécheresses et absorber l'eau lors des crues.
Il semble que la couche d'argile imperméable permettait d'éviter la montée des sels des eaux du Lac Titicaca dans le sol superficiel des champs. Champs et canaux sont orientés de manière à ce que l'eau des fossés emmagasinne la chaleur solaire et puisse ainsi restituer de la chaleur pour attenuer les gels nocturnes. Le réchauffement de l'eau permettait aussi le développement d'algues qui nourrissaient des poissons qui, eux-mêmes, attiraient des canards. Les fermiers avaient ainsi poissons et canards à disposition. La vase des canaux était régulièrement répandue sur les champs.
Le waru waru permet des rendements de 12 à 20 tonnes par ha., alors qu'on récolte, en moyenne, dans la pampa de l'Altiplano, 2,5 à 3 tonnes par ha. On obtient, également, de bons résultats avec la quinoa, l'avoine, l'orge, l'oignon et les fèves.

Cette méthode agricole a été remise en pratique par l'archéologiste Clark Erickson de l'University of Pennsylvania et l'agronome péruvien Ignacio Garaycochea en cultivant, en 1980, des champs-test sur la rive péruvienne du Lac Titicaca dans le cadre du Proyecto Agricola de los Campos Elevados. En 1980, seulement un paysan se laissa tenter par l'expérience, mais en 1986, 500 familles participèrent et en 1987, 70 formateurs initièrent une vingtaine de communautés dans le cadre d'un projet gouvernemental.
En 1984, l'archéologue Alan Kolata du Field Museum of Natural History commença à reconstruire des champs surélevés à Tiwanaku en Bolivie. En 1994, il y avait 128 ha. de suka kollu (mot aymara) dans 53 communautés à Tiwanaku. On est encore loin des surfaces qui ont dû exister quand Tiwanaku, à son apogée (de 400 à 700 PCN), comptait 120 000 habitants (7 000 aujourd'hui!).



Pour en savoir plus:

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© Paul De Neyer, janvier 1998.

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