Communauté de la "La Poudrière"
Rédigé par Paul De Neyer
à partir d'une entrevue avec Vanni Morocutti, responsable de la
communauté, le 28 mars 1996 à Anderlecht et de bulletins
de liaison de la communauté.
Ce texte a été actualisé
en novembre 1999, d'après les indications fournies par Alain Durbecq
de la communauté de Péruwelz.
Qu'est ce?
"La Poudrière" est une communauté pluraliste
fondée par feu le Père missionnaire oblat de Marie, Léon
Van Hoorde en 1958 à Bruxelles.
Elle est organisée juridiquement en a.s.b.l..
Ses objectifs sont: la présence, l'amitié,
la justice, l'utopie et l'ascèse. Ils sont mis en oeuvre par le
travail, le partage et la mise en commun, un style de vie simple et la
fidélité aux personnes et aux objectifs.
Elle compte 5 implantations: Bruxelles-Centre,
Anderlecht, Vilvoorde, Péruwelz et Rummen, ainsi qu'un site d'accueil
occupé épisodiquement à Wasmes. En 1996, une centaine
de personnes y vivent, travaillent et mangent en commun.
Historique
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Les débuts à Bruxelles
En janvier 1958, feu le Père Léon
Van Hoorde, missionnaire oblat, est envoyé dans un quartier de Bruxelles-Centre
surnommé "Le coin du diable". Sa congrégation désirait
y être présente spirituellement. Dès son arrivée,
le Père Léon bouleversa les habitudes de la maison en y recevant
des exclus et des personnes en recherche spirituelle.
C'est ainsi qu'il fonda, la même année,
la communauté de la Poudrière dans la cave de la maison des
Pères oblats au 62, rue de la Poudrière. Rapidement, la cave
devint trop petite et la communauté passa au 41 dans un bâtiment
mis à sa disposition par Mr Vandenbrede.
Cette implantation se consacre à l'accueil,
les déménagements, la récupération, la restauration
de meubles anciens et le montage de structures gonflables (deux mois par
an). Elle compte 50 personnes.
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L'extension du noyau bruxellois
Rummen: en 1963, la communauté reprend
le bail d'une communauté apparentée à celle de Lanza
del Vasto. La propriété louée à Rummen (dans
le Limbourg flamand à 75 kms de Bruxelles) a 4 Ha. d'arbres fruitiers
et autant de sous-bois . En 1966, un noyau communautaire s'y installe.
Rummen compte aujourd'hui 10 Ha de fruitiers et produit les 3/4 des besoins
en fruits, légumes et oeufs de l'ensemble de la communauté,
ainsi qu'une bonne partie de la viande: porcs, poules, dindes et moutons.
En 1995, 60 tonnes de pommes y ont été récoltées.
Cette implantation compte 12 personnes.
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Drogenbos
En 1975, le responsable local de la communauté
d'Emmaüs étant souffrant, l'Abbé Pierre fait appel au
Père Léon de la Poudrière pour reprendre la communauté
de Drogenbos. C'est ainsi que la Poudrière devient la Poudrière-Emmaüs
et se lance dans la récupération, filière dans laquelle
Emmaüs est très actif. En 1989, la puissante Union Chimique
Belge, "pousse" la communauté à lui vendre son site afin
d'y installer une station d'épuration pour ses installations voisines.
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Péruwelz
A Pâques 1982, labétonnerie Simon,
faillie et mise en vente par l'Etat, est rachetée par la Poudrière.
Cette implantation répondait à un appel du secteur social
local préoccupé par le manque de débouchés
pour les jeunes sortant de nombreuses institutions locales pour adolescents.
Le travail était énorme: deux petites
maisons et d'immenses hangars en ruine sur un terrain de 6 Ha encombrés
de monstres de béton. Cette implantation s'occupe de récupération,
remet des terrains en culture et produit des légumes. Une
vingtaine de peronnes vit à Péruwelz.
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Vilvoorde
En 1984, les époux Mosselmans offre à
la communauté une usine abandonnée dans le quartier du Far
West. Cette implantation, au cadre plus familial s'occupe de récupération,
petits déménagements et production de jus de pommes. Elle
compte 10 personnes.
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Wasmes Vers 1986, les soeurs de Notre Dame
de la croix doivent abandonner leur couvent. Pour pouvoir sauver la petite
école qui y est installée, elles offrent le couvent à
la Poudrière. Ce site n'est pas occupé de façon permanente
et sert pour les "réunions du mois", des activités de formation
et les camps des enfants de la communauté.
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Anderlecht
En 1989, la communauté chassée
de Drogenbos s'installe dans l'ancienne brasserie Atlas, récemment
acquise dans cette intention. Grâce aux grands entrepôts, l'activité
de récupération peut s'y développer pleinement. Le
site compte aussi l'atelier de réparation du charroi. Cette extension
compte 20 personnes. Son responsable est né dans la communauté.
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La communauté orpheline
Le 16 janvier 1996, le Père Léon,
fondateur et âme de la communauté, décède. Malgré
le choc émotionnel, la communauté orpheline passera le cap
grâce à sa cohésion et ses structures bien rôdées.
Les activités économiques
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Les déménagements
De nombreuses maisons étant rasées
dans les environs de la rue de la Poudrière, la première
activité de la communauté fut tout naturellement le déménagement.
Effectués d'abord avec une remorque attelée à une
jeep, les déménagements se professionaliseront avec l'achat
d'un camion d'occasion. Le premier camion neuf sera une tapissière
achetée en 1971 (toujours employée!).
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Le montage de structures gonflables
A partir des années 70, six à huit
personnes montent, chaque année pendant 2 mois, des structures gonflables
sur des terrains de tennis pour le compte d'une société privée.
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La récupération
Quatre implantations de cette communauté
s'occupent de récupération: Anderlecht, Bruxelles, Vilvoorde
et Péruwelz. Il n'y a pas de spécialisation, chaque site
récupère tout dans sa zone géographique.
A la demande de particuliers, de sociétés
et d'institutions, la Poudrière-Emmaüs récolte les meubles,
vêtements, vaisselle, matériel et mobilier de bureau, outils,
sanitaires, matériaux de contruction,... bref presque tout ce qui
est en bon état ou récupérable sauf le papier. A l'initiative
d'Oxfam, un consortium (avec les Petits Riens et l'Armée du Salut)
a été créé pour récupérer le
matériel de bureau déclassé offert par la C.E.E..
Le site d'Anderlecht, l'ancienne brasserie Atlas,
a le potentiel le plus important. En
plus de la collecte et le tri des biens récupérés,
des réparations de meubles, de matériel électro-ménager
et de matériel informatique déclassé y sont effectuées.
La crise aidant, la filière de la récupération
reçoit de moins en moins de choses intéressantes, les particuliers
traitant de monnayer tout ce qui peut l'être. Ainsi, si le volume
des dons ne diminue pas avec les années, le volume des déchets
augmente. Malgré un accès à l'incinérateur
à un coût ramené à celui appliqué aux
communes, le coût de la tonne à incinére est de 2450
F. (09-1999), la communauté doit donc
se montrer plus difficile dans ce qu'elle accepte
comme dons (certains lui proposant des encombrants!).
La vie communautaire : 5 objectifs
La vie s'articule autour de 5 objectifs: la présence,
l'amitié, la justice, l'utopie et l'ascèse. Ils sont mis
en oeuvre par le travail, le partage et la mise en commun, un style de
vie simple et la fidélité aux personnes et aux objectifs.
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Pas de salaire
Personne n'est salarié, les personnes
travaillant à l'extérieur (une minorité) remettent
leur salaire à la communauté. Chacun reçoit 2400 F.B.
(1999) d'argent de poche mensuellement. Le groupe cotise à la mutuelle
pour l'assurance maladie et invalidité mais pas pour les pensions.
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Partage du travail
Chacun travaille 8 heures par jour, aussi bien
pour les activités intérieures, réparties par tour
de rôle (entretien, travaux, cuisine,...) que pour les activités
extérieures (récupération, déménagements,
ouverture des dépôts,...). Le samedi matin est consacré
aux réunions communautaires et autres activités internes.
Le samedi après-midi et le dimanche sont libres.
Certaines personnes travaillent dans plusieurs
implantations, mais tout le monde a l'occasion d'aller, après les
fêtes de fin d'année, travailler une semaine mi-temps dans
une autre implantation.
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Les décisions sont soumises à la
palabre
Chaque mois, les personnes, qui sont, au moins,
depuis 2 ans dans la communauté et qui le désirent, prennent
les décisions qui engagent le groupe. Ces décisions sont
ratifiées par une soirée "spaghetti", également mensuelle,
à laquelle toute personne résidente dans la communauté
peut prendre part. Les décisions ne sont pas soumises à un
vote mais à la palabre afin de ne pas heurter les différentes
sensibilités.
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Des vacances en camion
Chaque année, toute activité cesse
pour trois semaines. Certains partent en famille ou retrouvent leur ancien
entourage. Mais toujours, un groupe de 25 personnes partent en camion et
camionnette, rencontrer les communautés soeurs à l'étranger.
Des liens fidèles sont maintenus avec les communautés de
l'Arche fondées par Lanza del Vasto en France, la communauté
de Darvell en Grande-Bretagne (chrétiens allemands qui ont fui le
nazisme), celle de Nomadelfia (Groseto, Toscana) qui fut créée
avant guerre et celle du Longo maï de Provence, rescapée de
mai 68.
Coordonnées
(décembre 2000)
http://www.lapoudriere.org/
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B-1000 Bruxelles
60, rue de la Poudrière
Tel.: +32 2 512 90 22 fax: 32 86
-
B-1070 Anderlecht
15, rue du Libre Examen
Tel : +32 2 523 80 45 fax: 520 68 72
vanni@swing.be
© Paul De Neyer
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