Fonctionnement d'un service
d'échanges local
Article d'Eric Watteau paru dans le mensuel "Troc en
stock" n 6 de mai 1996 (courtoisie d'Alain Lemaitre)
Les réseaux d'échanges de biens ou de services fonctionnent avec
une centrale où chaque membre enregistre ses offres et ses
demandes. Les unités d'échange sont définies par convention; elles
sont liées soit à la monnaie nationale soit au temps. Cette
dernière définition peut être égalitaire (1 heure pour 1 heure) ou
différenciée (1 heure de dentisterie vaut trois heures d'un autre
service, par exemple).
Concrètement, cela marche comme suit: les comptes des participants
sont tous à zéro au départ: le système est ainsi en équilibre mais
rien ne s'y passe. Il faut donc déséquilibrer le système pour que
le réseau commence à fonctionner.
Aux fins d'illustration, chacun commence avec un solde de zéro et
un carnet de "chèques "(3 Volets).
- Pour obtenir un service d'un membre "B" du réseau, "A" va
tirer un chèque.
- "A" est donc négatif dans le réseau tandis
que "B" est positif.
- Le solde global du système reste zéro
mais "A" doit fournir un ou des services pour un montant
équivalent ou supérieur à l'un ou l'autre membre du réseau pour ne
plus être négatif tandis que "B" peut demander à l'un ou l'autre
membre du réseau un services avec les unités de troc acquises.
- L'endettement de "A" par rapport au système produit donc
une dynamique économique locale.
Il y a donc création d'instrument d'échange par les participants,
la base du système (la crédibilité) reposant sur l'engagement de
chacun des membres et de la communauté (le réseau) au sens
large.
Dans ce système, le crédit offert mutuellement est gratuit (il n'y
a pas d'intérêt) et les crédits ne manquent pas puisqu'ils sont
créés par la dynamique locale, à savoir la volonté de chacun de
partager ses compétences.
Le mécanisme peut couvrir tout un ensemble de services à condition
qu'ils soient locaux: assistance aux personnes, services ménagers,
gardiennage, assistance à la jeunesse ou à la famille, travail de
bureau, aide agricole, travaux de jardinage, logement, nourriture,
déplacements, brocante, etc. Si des PME et des professions
libérales participent au système, les unités LETS peuvent être
utilisées.
Avantages économiques du système :
- Davantage de biens et de services sont échangés dans une
communauté où l'argent est limité;
- Les ressources
d'échange sont conservées au sein des communautés locales plutôt
que les fuir;
- L'endettement financier peut être évité ou
limité, avec tous ses problèmes liés au surendettement;
- Une épargne financière classique peut éventuellement être
constituée;
- Il se développe des aspects d'autosuffisance de
l'économie (avec des retombées positives au niveau de
l'écologie);
- Il permet aux chômeurs de longue durée
d'apporter la preuve que durant leur chômage, ils ont pu encore
être actif et productif.
Avantages sociaux du système
- Etablissement d'un réseau de solidarité chaude;
- Mise en valeur des compétences
- Accroissement de la qualité de vie
- Flexibilité encouragée par la reconnaissance des
potentialités propres qui permettent de s'essayer à des
savoir-faire inhabituels;
- Rencontre des besoins quotidiens
sans ou avec peu de liquidités;
- Augmentation de la
confiance, du respect et de la communication;
- Protection la
famille de la dislocation et création d'une structure familiale
élargie;
- Plus de conscience sociale et moins d'avidité.
Aujourd'hui, il existe entre 800 et 1000 groupes dans le monde,
principalement dans les pays anglo-saxons (Canada, Etats-Unis,
Royaume-Uni [± 400 groupes], Irlande, Australie, Nouvelle-Zélande)
mais aussi aux Pays-Bas [± 60 groupes], en Allemagne et en
France.
En ce qui concerne la Belgique, le réseau apparaît plus lentement,
mais c'est aussi en raison de certaines interrogations en matière
de réglementation. Pour le moment, on décompte 8 systèmes en
Flandre, 2 à Bruxelles et 1 en Wallonie. Des systèmes sont aussi en
formation.
Eric Watteau
© Cauris asbl
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